(AFP), le 16-10-2004
Alfred Red Cloud, chef indien sioux Oglala, a remis samedi au cabaret Crazy Horse, une lettre au nom des siens, affirmant que sa "famille était offensée" par "le manque de respect à leur culture et envers leur ancêtre", Crazy Horse, figure charismatique sioux disparue en 1877.
"Je suis envoyé en mission par mes anciens, mon peuple, ma tribu pour donner cette lettre", a déclaré à l'AFP le chef sioux après sa visite au célèbre cabaret, créé en 1951 et célébrant la beauté de femmes souvent dénudées.
Vers 14h00, Red Cloud s'est présenté en tenue occidentale mais portant la coiffure traditionnelle au cabaret de l'avenue George V.
Ambassadeur de la nation sioux, il a remis au représentant du Crazy Horse cette lettre signée par Harvey White Woman, descendante de Little Hawk, lui-même oncle de Crazy Horse.
"Quand le nom de Crazy Horse est mentionné", lit-on dans cette lettre, "cela évoque l'homme qui a conduit notre peuple durant les années 1800 et qui a combattu courageusement contre les armées américaines afin que son peuple puisse vivre dans les traditions et la culture que nous continuons à honorer aujourd'hui".
Crazy Horse, mort jeune en 1877, a été l'un des derniers chefs à se rendre aux Blancs.
"J'ai vu sur HBO (chaîne câblée américaine) une émission montrant votre night-club où l'on voyait des femmes qui portaient apparemment des coiffures à plumes", lit-on plus loin dans la lettre. "Ma famille est offensée à chaque fois qu'on manque de respect envers notre culture et envers nos vénérables dirigeants".
Le responsable du Crazy Horse a invité le chef sioux à pénétrer dans la célèbre salle parisienne. La visite cordiale a duré une dizaine de minutes. On lui a montré les photos de célébrités venues dans l'établissement fondé par Alain Bernardin.
A l'AFP, le chef Sioux a confié espèrer que "d'ici à lundi, il y aura une réponse, car repartant pour les Etats Unis, il dit avoir "besoin de cette réponse pour (son) peuple".
La direction du cabaret n'a pu être jointe par l'AFP.
Mais, assure-t-il, "je n'essaye pas de fermer l'établissement. C'est le nom, juste changer le nom. C'est tout ce que nous voulons".
"J'espère qu'ils comprendront". "Ils ne nous ont pas demandé la permission d'utiliser ce nom et Crazy Horse a de la famille là-bas".
Alfred Red Cloud, 53 ans, qui vit dans le Dakota du Sud, est l'invité du festival America à Vincennes et représente pour sa première venue en France Serle Chapman, auteur de "Nous le peuple. Un voyage à travers l'Amérique indienne" (Albin Michel). Le chef Sioux a signé l'avant-propos de cet album préfacé par l'ex-président Bill Clinton.
Un représentant du cabaret doit venir dimanche s'entretenir au Festival avec lui et les auteurs indiens.
Francis Geffard, son éditeur, spécialiste des cultures indiennes, interrogé par l'AFP, précise qu'"il est l'un des chefs traditionnels des Sioux, originaire de la réserve de Pine Ridge (Dakota du sud) et l'arrière petit-fils du chef Nuage rouge (Red cloud)".
Son arrière grand-oncle Red Shirt est venu en France avec Buffalo Bill en 1887.
"Si je n'obtiens pas de réponse, je reviendrai et cette fois, avec plus de chefs et peut-être nous chercherons une voie judiciaire", affirme le chef Sioux.
(Merci à Renard du site de Gaston)