Préparé par Laurent Baumel, un ex-chevènementiste aujourd'hui rallié à Dominique Strauss-Kahn, le texte sur l'individu et la société, en particulier, explore des domaines sensibles, à commencer par l'héritage de Mai 68 au sujet duquel il revendique un "droit d'inventaire".
"Sans être un réactionnaire patenté, écrit M. Baumel, on peut sans grand danger émettre l'hypothèse que les nouvelles libertés personnelles dont ont pu bénéficier les hommes et les femmes de la génération 68, les possibilités qu'ils se sont données de s'évader des modèles familiaux plus traditionnels, n'ont pas eu que des effets entièrement positifs sur la structuration identitaire et psychologique de leurs enfants."
L'auteur suggère aux socialistes "d'assumer et de porter la problématique de la "nécessaire correction de trajectoire" par rapport à l'héritage de 68." Il ajoute, en faisant le lien avec la question "névralgique" de la sécurité : "Instruits par l'expérience récente de ce qu'il peut parfois coûter de privilégier des réflexes idéologiques surannés (...), ils devraient le faire sans excès, sans renier leurs convictions, mais également sans complexes et sans céder à l'intimidation des gardiens du Temple qui assimilent abusivement toute réflexion critique sur l'héritage à un rappel à l'ordre néo-réactionnaire."
Cette thématique, ressassée par la droite, est désormais partagée par une partie de la gauche. Pas seulement en France : cet été, Tony Blair avait lui-même ouvert le débat en Grande-Bretagne, en dénonçant l'influence néfaste, à ses yeux, des années 1960 sur la société et le "sens des responsabilités" personnelles et collectives.
"Il nous faut rompre avec l'empirisme et le tâtonnement intuitif qui règne depuis vingt ans à gauche", explique M. Baumel, en insistant sur la nécessité, pour le PS, de renouveler son corpus idéologique notamment pour les questions de société. Dans son rapport, il souligne les contradictions entre "l'idéologie individualiste assez générale" et le "besoin d'appartenance sociale". Pour lui, les socialistes "devraient reprendre leur combat de toujours pour l'émancipation individuelle en le liant résolument aux véritables problèmes d'aujourd'hui." Ainsi, il recommande au PS de "s'attaquer massivement au chantier de l'égalité des chances à l'école" et de tenir "un discours beaucoup plus offensif" contre le port du voile.
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